Les trottinettes électriques et Nouveaux Véhicules Electriques Individuels ou NVEI font couler beaucoup d’encre. Les médias généralistes se font l’écho des frayeurs d’une minorité ; la loi mobilité est là pour recadrer le contexte de ces empêcheurs de tourner en rond.
Olivier Pavie est utilisateur d’un NVEI*. Depuis plus de deux ans et ayant plus de 10000 km au compteur de sa gyroroue, il analyse la situation. Il démontre que le cadre légal envisagé de la loi mobilité est simplement adapté. Il permet de voir naître des assurances qui n’existaient pas pour l’instant de protection de l’utilisateur.
D’accord avec la loi mobilité qui entrera normalement en vigueur en septembre 2019 ?
La loi n’a rien d’extraordinaire, elle ne fait que replacer le NVEI au rang du vélo dans notre circulation de tous les jours et dans celui du code de la route. Si on se remet dans le contexte, un vélo n’a pas le droit de rouler sur un trottoir. Il doit être conduit à la main avec pieds à terre… Par ailleurs, il y a une loi qui existe depuis longtemps qui limite la vitesse des véhicules non immatriculés à 25 km/h. Or, un vélo n’est pas immatriculé. Donc il ne doit pas dépasser les 25 km/h. Idem pour les vélos électriques qui font partie des NVEI. Un vélo a le droit de circuler sur la voie publique. Les détenteurs d’un permis de conduire ne s’amusent pas à les culbuter pour le plaisir.
Pourquoi une nouvelle loi mobilité sur le NVEI ?
Parce qu’il y avait un vide juridique. Pas de mention donc pas de sanctions. Si ce n’est l’abus de droit comme certains maires ont choisi en interdisant purement et simplement ces véhicules. Ceci où que ce soit ou presque au vu des abus des individus, et certes, il y en a. De mon côté, je roule sur les trottoirs très souvent depuis plus de deux ans. Je respecte doublement le code de la route. En effet, les gyropodes tels que les gyroroues sont acceptées par le code de la route via les articles R412-34 et R412-43. Pourquoi ? Parce qu’elles n’ont pas de guidon qui occupe les mains. Elles sont capables de rouler à moins de 6 km/h, c’est à dire de rouler à la vitesse d’un piéton. Ceci en sachant qu’un gyropode, comme la gyroroue peut être utilisé jusqu’à des vitesses inférieures à 1 km/h. Ce genre de véhicule peut aussi s’arrêter instantanément en posant tout simplement un pied à terre. Imaginez de rester en selle sur un vélo à moins de 6 km/h! Sans compter la place que prend le guidon sur un petit trottoir.
Perdre au change avec la loi mobilité ?
Je respecterai la loi qui sortira, et je comprends cette décision de remettre les choses en place. Ce qui est idiot, très souvent, c’est l’absence de discernement qu’ont les médias à ce sujet. Grosso modo, ils considèrent systématiquement l’utilisateur d’un NVEI comme un délinquant. Je vais être factuel. Sur les 10.000 km de pratique depuis Janvier 2017, j’ai croisé des milliers de personnes. Une très large majorité me respecte parce que je les respecte? et certainement aussi parce que la gyroroue est un véhicule qui intrigue très souvent petits et grands.
Toutefois, depuis plusieurs mois, en restant tout à fait respectueux, j’ai vu des gens me fustiger du regard… certains m’ont aussi fait des réflexions du genre vous n’avez pas le droit d’être là? Ce qui est faux. Surtout avec mon véhicule qui est une gyroroue. Je respecte la vitesse limite. Et, souvent,0 nettement moins en fonction des situations – qui me disent que je suis passible d’une amende de 135 euros, ce qui est évidemment faux à l’heure d’aujourd’hui sauf arrêté municipal spécifique, et qui sont capables de me dire qu’il est temps que cette loi passe. Ce sont des gens qui ne diront rien au passage d’un vélo sur un trottoir avec son conducteur dessus alors que c’est totalement interdit depuis toujours.
Pourquoi cette plaidoirie en faveur de la loi mobilité qui devrait passer en Septembre ?
Si je circule sur les trottoirs – et j’en ai le droit encore aujourd’hui sauf arrêté spécifique du maire – c’est pour la simple et bonne raison que je n’avais aucune protection juridique et possibilité d’assurance pour mon usage de ce véhicule. Dites-vous que ce véhicule m’a coûté 750 euros et que pour 10000 km j’ai dépensé 50 euros d’électricité et 75 euros de pneus, que j’ai dépensé 0 euro de parking, 0 euro de péage. Je n’encombre pas les routes, ni les trottoirs puisque je peux croiser quelqu’un sur un trottoir, ce qui est respectueux de la loi selon l’article R412-43 du code de la route où ne peuvent se croiser que deux personnes (et entre parenthèses, ce que de nombreux piétons ne respectent pas puisqu’ils continuent à avancer à 2 de front alors qu’ils doivent se mettre en file indienne et laisser le passage à la personne qui vient d’en face mais ce sont les mêmes mal élevés et mal informés qui vous font des réflexions). Bref, pourquoi sortir ma Clio IV diesel qui consomme 6 litres aux 100 km en ville soit 9 euros aux 100 km???
Des économies et une facture énergétique ridicule
J’aurais ainsi non pas payé 50 euros d’électricité pour mes 10.000 km mais environ 900 litres de gasoil soit 1400 euros de gasoil en plus des parkings et du temps gaspillé dans les encombrements ? En plus, quand je me déplace avec ma voiture, j’emmène toujours mon véhicule électrique dans le coffre qui ne prend aucune place ou presque et ne pèse que 12 kg. Il me fait économiser le parking partout où je vais. En 2018, j’ai même effectué un trajet 100% électrique en partant de chez moi avec ma Gyroroue, en montant dans le TGV, puis en descendant à la Gare de Lyon en empruntant les pistes cyclables et couloirs de bus dans Paris pour me rendre à ma destination finale.
Ma plaidoirie est que s’il faut un cadre légal pour l’usage, il faut l’accompagner d’une démarche répondant à la logique du monde qui doit économiser les sources de C02, donc respecter les initiatives liées à cet état de fait. Le fait que des assurances soient désormais disponibles sur ce sujet pour pouvoir rouler en sérénité sur les pistes cyclables et sur les voies publiques au cas où il n’y ait pas de pistes cyclables en agglomération, me rend serein sur l’usage que je peux continuer à faire de ma gyroroue.
Avez-vous souscrit à ce genre d’assurance ?
Bien sûr, j’ai mes trois enfants qui exploitent ma seconde gyroroue régulièrement et je suis très heureux d’avoir pu nous assurer pour un usage normal, « familial », pas « en dehors des clous » alors que notre planète et nos modes de vie nous obligent à penser à ce genre de moyen de transport. Je peux ajouter que les prix des billets de train en région sont toujours bien trop chers et insuffisamment fiables pour envisager un usage régulier et serein.
Olivier Pavie
Chronique diffusée sur RCF le 14 mai 2019
*une gyroroue qui fait partie des NVEI utilisables à des vitesses de moins de 6 km/h autorisés de principe par les articles de loi R412-43 et R412-34 du code de la route.